Contrairement aux salariés, les freelances, lorsqu’ils attendent un enfant, reçoivent une indemnisation qui ne leur permet pas de prendre des congés maternité/paternité en toute tranquillité. Mathilde Bermond-Hurst, freelance en graphisme, a eu deux enfants. 

Voici son expérience.

La freelance est habituée à la précarité. Elle a commencé à travailler en 2007. Et contrairement à la plupart des indépendants, elle n’est pas affiliée au RSI (régime social des indépendants) mais à la Maison des Artistes : « La Maison des Artistes est une association qui assure la gestion du régime de Sécurité sociale des artistes auteurs pour la branche des arts graphiques et plastiques. J’ai préféré bénéficier de cette couverture car, grâce à elle, on me fournit un accompagnement et plus de visibilité ».

« Quand on est freelance, on ne peut pas se permettre de ne pas donner signe de vie à nos clients »

Quand elle est tombée enceinte, Mathilde Bermond-Hurst n’avait pas assez cotisé. Résultat, elle n’a pas bénéficié d’un congé maternité. Pour elle, la précarité s’accentue : « Quand on est freelance, on ne peut pas se permettre de ne pas donner signe de vie à nos clients. Donc j’ai quand même continué à travailler, à relancer mes clients. Je ne leur ai pas tout de suite dit que j’étais enceinte. J’en ai parlé quand ça a commencé à devenir flagrant. Et quand mon enfant est né, je l’emmenais avec moi aux rendez-vous professionnels car, je ne pouvais pas embaucher une nounou ou une assistante maternelle… ».

« L’indemnisation qu’on me propose ne correspond qu’à 40% du salaire que je me versais »

Quand elle a eu son deuxième enfant, la freelance en graphisme a pu bénéficier d’une indemnisation. Mais une fois le calcul de ses droits effectués, Mathilde Bermond-Hurst remarque que l’indemnisation qu’on lui propose ne correspond qu’à 40% du revenu qu’elle touchait quand elle était freelance. Déception donc.
La freelance souligne par ailleurs, la rigidité et la distance entre la réalité et la législation qui régit le statut d’indépendant : « On nous propose des choses, mais il y a pleins de conditions à remplir. En plus, c’est à nous d’aller chercher l’information. C’est clair qu’elle ne viendra pas toute seule ». Pour les congés paternité, la même rigidité est de mise : un indépendant ne peut obtenir un congé paternité que 4 mois après la naissance de l’enfant.

Vers une législation qui répond aux besoins des indépendants ?

En France, les femmes salariées bénéficient d’un congé maternité de 16 semaines et peuvent être indemnisées jusqu’à 6 500 euros. Les indépendantes affiliées au RSI n’ont que 10 semaines de congés maternité et leurs droits fluctuent en fonction de leurs profils.

Des inégalités dont le gouvernement semble avoir pris conscience. Pour rétablir l’égalité, l’Etat ambitionne de créer un congé maternité unique. Les femmes salariées et non-salariées, bénéficieront de la même couverture. 16 semaines de congés maternité seront garanties et le gouvernement compte créer une plateforme reliant directement médecin et futures mamans. Mais pour les papas freelances rien n’a encore été proposé.