Trouver une place en crèche peut vite relever du parcours du combattant lorsqu’on est freelance. Le nombre de places disponibles est largement inférieur à la demande, et plus de la moitié d’entre elles sont réservées aux salariés. Peut-on espérer une meilleure équité ?

En 2017, on recensait 17,8 places en crèches pour 100 enfants de moins de trois ans sur le territoire français, d’après l’Observatoire national de la petite enfance. Manque de chance, ce chiffre est deux fois plus faible pour les indépendants. Car travailler en freelance revient à se fermer les portes des crèches d’entreprises, pour lesquelles les salariés sont prioritaires. Ce qui représente plus de la moitié des places disponibles en structures collectives ! À moins qu’un membre de la famille ne puisse aider les jeunes parents, il ne reste que deux solutions possibles. Se tourner vers le réseau de crèches municipales, en croisant les doigts pour ne pas finir sur liste d’attente. Ou embaucher une assistante maternelle, quitte à y laisser son dernier denier…

« Une place en crèche coûte en moyenne 15 000 € par an »

Car malgré les aides de la Caf, payer une nounou à temps plein reste globalement plus onéreux qu’un autre type de garde. Par exemple, un couple aux revenus mensuels de 1800 € déboursera en moyenne 195 €/mois pour une place en crèche contre 390 € pour une assistante maternelle. Pourtant, le prix d’un berceau dans une structure collective est loin d’être dérisoire. « Une place en crèche coûte en moyenne 15 000 € par an », précise Tanguy Desandre, fondateur du réseau Maplaceencrèche. Mais cette somme est financée par trois parties : les parents, au prorata de leurs revenus, la Caisse d’Allocations familiales et la mairie (dans le cadre d’une crèche municipale) ou l’employeur (dans le cadre d’une crèche privée ou associative). Ce qui allège considérablement la somme à prendre en charge par les parents.

 

Un amendement en faveur des indépendants… raboté par l’Assemblée

En 2015, Tanguy Desandre a voulu permettre aux quelques deux millions de travailleurs non-salariés français d’inscrire leurs enfants dans des crèches d’entreprise. Dans cet objectif, il a soutenu l’amendement pour faire bénéficier les indépendants du crédit d’impôt famille (CIF), qui aurait permis aux professions libérales et aux chefs d’entreprise de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle. « Pour rappel, le CIF permet aux sociétés de déduire de l’impôt 50 % de ce qu’elles versent pour réserver des berceaux à leurs salariés », explique l’entrepreneur. Malheureusement, malgré l’adoption de l’amendement, la notion de travailleur indépendant a été éclipsée lors du débat sur la loi travail… Retour à la case départ.

 

Mais l’entrepreneur n’a pas dit son dernier mot, et compte bien continuer à mener ce combat pour permettre l’accès aux crèches au plus grand nombre. Il ne reste plus qu’à espérer que le nouveau gouvernement sera plus enclin à réduire le fossé entre salariés et travailleurs indépendants.