“En te lançant dans les arts martiaux, tu as déjà accepté de mettre ton kimono et d’être présent. Ce qu’il faut garder en tête pour continuer ? Te rappeler qu’une ceinture noire est une ceinture blanche qui n’a jamais arrêté, qui a continué et persévéré pour apprendre. C’est pareil pour les freelances et leur activité”. Cédric Costa, créateur de Shortcut Podcast.

Être freelance est une aventure exaltante. Qui dit aventure, dit liberté et défis. Mais cela s’accompagne aussi d’imprévus et de difficultés qui peuvent se mettre sur votre chemin. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des solutions pour prévenir ces difficultés, ou le cas échant les surmonter pour progresser.

Aujourd’hui, on vous propose un TOP 5 des galères les plus courantes analysées lors du dernier Café Freelance par nos invités experts Julie Fabre, Julia Coudert, Cédric Costa, Laëtitia Vitaud et Samuel Durand.

Vous pouvez retrouver le live ici pour profiter de nombreux autres conseils : regarder le replay 

1. Imprévu n°1

Subir son client parce que l’on n’a pas osé refuser la mission

Cédric Costa nous a parlé d’un prospect qu’il a reçu en visio. Il allume sa caméra et là, mauvaise surprise : son client ne porte pas de t-shirt. Sous prétexte d’être situé à Bali et de travailler “à la cool”, ce prospect a décidé de ne pas se vêtir. C’était plutôt déconcertant et notre invité a préféré chercher une porte de sortie, plutôt que de devoir travailler avec quelqu’un qui ne le respectait pas.

Ce qu’il faut retenir de cette anecdote, c’est qu’il faut être aligné avec les valeurs de son client et ne pas accepter de travailler avec quelqu’un par dépit. Quand on débute en tant que freelance, cela reste difficile. On n’a pas encore les ressources pour pouvoir refuser facilement un client. C’est pourtant parfois nécessaire, car c’est le meilleur moyen, dans le cas contraire, de vous démotiver dans votre travail (surtout sur un lancement).

C’est la même chose avec un client qui négocie sans cesse vos tarifs à la baisse.

Un client qui ne comprend pas la valeur de votre travail et de votre temps n’est pas forcément une personne avec qui on aura une bonne relation.

Ayez la force de dire non, et de travailler en transparence avec vos clients pour avoir une relation saine avec lui.

Imprévu n°2

Sous-estimer tout ce qui “entoure” son métier freelance

Julie Fabre, au lancement de son activité, a mis beaucoup de temps pour démarrer sa communication.

Cela s’expliquait par deux choses distinctes.

Déjà, il fallait prendre en compte le temps d’apprendre. En freelance, on gère son travail, mais aussi tout ce qui l’entoure : son administratif, sa promotion, sa prospection… Tout cela prend du temps, que l’on a tendance à sous-estimer mais qui est pourtant un passage obligatoire.

Ensuite, il faut accepter de ne pas pouvoir se diviser en quatre et de faire appel à d’autres professionnels pour se délester de certaines tâches. On peut s’appuyer sur des outils pour être plus efficace, mettre en place des méthodos, et il y a encore plus efficace : déléguer à un expert.

Pour éviter les imprévus qui entourent son métier, la clé est donc l’apprentissage et la planification. Vous pouvez dédier des plages horaires pour vous former et apprendre, et prenez le temps d’inclure dans votre agenda tous ces moments où vous ne serez pas dédiés aux missions avec vos clients. Si ces tâches sont trop longues, complexes, ou qu’elle ne vous plaisent vraiment pas, déléguez.

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Imprévu n°3

Redéfinissez votre vision de l’échec, pour mieux rebondir

La notion d’échec est propre à chacun. C’est souvent elle qui vous empêche d’avancer. Suite à un échec professionnel, on a deux manières de réagir : on subit et on a peur pour la prochaine mésaventure, ou on essaye d’en retirer un enseignement. Attention toutefois, la deuxième option est plus facile à dire qu’à faire (on vous en reparle dans l’édito de Laëtitia à la fin de cet d’article).

Julia Coudert apporte également la réflexion suivante : aujourd’hui avec les réseaux sociaux professionnels, on a l’impression que tout le monde est génial. On voit uniquement la “face brillante” de chacun, et on se compare aux autres spécialistes qui font le même métier que nous. Par opposition, on a l’impression d’être en “échec” face au reste du monde, ou de ne jamais faire assez par rapport à nos pairs 🤷‍♂️.

Il y a plusieurs conseils que vous pouvez appliquer. Gardez votre veille et vos contacts sur les réseaux est une excellente chose, mais pensez d’abord à votre business et ne vous comparez pas. Si ces réseaux ont une influence trop néfaste pour vous, centrez-vous sur votre activité et coupez un temps cette activité. Il faut redéfinir votre relation avec les réseaux pour en rester détaché.

Pour progresser sur votre notion d’échec, vous pouvez comparer votre activité avec celle que vous faisiez il y a quelques mois. Vous constaterez votre progression, ou les pistes à mettre en place pour améliorer vos futurs résultats.

Imprévu n°4

Vie privée et vie professionnelle, un mélange complexe ?

Cédric Costa aborde les deux prismes qui influencent notre manière de travailler : le temps et l’argent. Des imprévus peuvent survenir quand on arrive pas à équilibrer ces deux valeurs. L’impact est réel, autant pour votre sphère privée que votre sphère professionnelle.

Typiquement, il faut composer avec nos activités personnelle ou notre gestion de la famille. Quel temps je souhaite allouer à mes loisirs, et quel temps dédier à mon travail ? On peut être transparent avec ses clients sur son activité et son temps de travail. Si un imprévu ou une urgence arrive, on sera alors plus réactif pour prévenir ses clients.

Trouver cet équilibre prends du temps et nécessite des ajustements. Votre activité peut également être cyclique et il faudra apprendre à composer avec des temps plus forts d’activité à anticipertout en vous laissant du temps libre et des vacances.

Imprévu n°5

Les erreurs de compréhension avec le client

La première clé de la réussite d’une mission, ou de son échec, est la communication avec son client. Il faut parler le même langage pour éviter les malentendus ou les galères potentielles qui pourraient arriver en cours de mission.

Cela commence dès l’onboarding dans l’entreprise. Samuel Durand a interrogé la société EDF sur leur onboarding de freelances. Pour chaque nouveau freelance qui travaille avec eux, il existe une fiche pratique pour accueillir le freelance dans les meilleures conditions. En tant qu’indépendant, pourquoi ne pas faire l’inverse ? Vous pouvez proposer à votre client de co-construire le brief pour être sûr d’être alignés.

Pour votre première mission avec un client, n’hésitez pas à lui proposer un contrat que vous aurez rédigé. Cela évitera les mauvais payeurs ou de ne pas s’entendre sur ce que comprend votre prestation.

Ensuite, quand le projet est lancé, il en faut pas hésiter à échanger avec votre client en cours de mission. Si vous avez un doute, que vous sentez le besoin qu’une validation est plus sûre, une re-confirmation, c’est à vous de prendre les devants et d’échanger avec votre client.

Enfin, n’oubliez pas de garder contact avec vos clients à la fin d’une mission. Vous pourrez retravailler avec lui, ou profiter de sa recommandation pour travailler avec d’autres entreprises.

L’avis de Laëtitia Vitaud

Apprendre de ces erreurs, c’est inné ?

Les freelances comme les entrepreneurs adorent parler de leurs galères et de leurs échecs. C’est comme une série de batailles menées, de cicatrices glorieuses et d’obstacles surmontés qu’ils/elles sont fiers d’avoir vécus… Et puis tous et toutes vous le disent : les galères, les échecs, c’est comme ça qu’on apprend ! C’est tout autant d’itérations et d’expérimentations qui vous permettent de grandir en tant que professionnel·le et en tant que personne. C’est un peu comme les chutes du bébé qui apprend à marcher : elles font partie intégrante du développement de l’autonomie. Tout ce discours positif sur l’apprentissage, je suis la première à le reprendre à mon compte.

Mais est-ce si facile de tirer des leçons de ses galères ? Moi, il m’est arrivé de faire plusieurs fois la même bêtise. Il y a des gens qui enchaînent les relations amoureuses toxiques et tombent toujours dans le même panneau… Moi, dans le domaine pro, j’ai parfois été comme les galériens des relations amoureuses : sous-pricé une prestation à moult reprises, sous-évaluer encore et encore mon temps de travail, ne pas avoir décelé les mauvais payeurs… Il y a des galères que je répète sans apprendre.

Je voulais partager des idées pour apprendre à apprendre de ces galères ! En fait, pour apprendre de ses erreurs, il faut deux choses : un certain état d’esprit ET de la méthode.

L’état d’esprit, je l’ai évoqué, c’est ce qu’on appelle en anglais le growth mindset, l’état d’esprit de croissance. C’est le fait de ne pas dire “je suis nulle en X ou Y” mais d’être dans l’idée qu’on peut devenir meilleur.

C’est aussi le fameux état d’esprit du débutant dont on a souvent parlé dans les Café Freelance. Mais cela ne veut pas dire qu’on peut ou qu’on doit vouloir tout apprendre ! On ne peut pas tout faire. Parfois, le bon état d’esprit, c’est de déléguer une tâche à quelqu’un qui fait mieux que soi. La galère à répétition peut vous amener à décider qu’il faut faire faire telle ou telle tâche à quelqu’un de compétent (un graphiste, un comptable, etc).

Les méthodes pour apprendre de ses échecs, il n’y en a pas qu’une seule. Mais je voudrais vous parler d’un concept en particulier, la session de post-mortem.

C’est quoi, le post-mortem ? Ce terme morbide se réfère d’abord à l’acte médical qui consiste à examiner un cadavre pour déterminer la ou les causes du décès 😱 Mais, il a pris un nouveau sens dans le monde de l’entreprise : quand une équipe se réunit après la réalisation d’un projet pour déterminer ce qui a échoué, ce qui a réussi, et pour quelles raisons. C’est Ed Catmull dans son super livre Creativity, Inc., qui décrit la culture de la créativité propre aux studios Pixar.

Chaque film de Pixar, c’est des années de travail intensif ! Après avoir fini un projet, les équipes aimeraient passer au suivant pour éviter le fameux baby-blues. Mais elles sont obligées de se soumettre d’abord à une session de post-mortem. On demande à chaque participant de lister cinq actions qu’il réitérerait exactement de la même façon et cinq actions pour lesquelles il procéderait différemment. L’idée est de prévenir les malentendus, de passer en revue tous les sujets, d’échanger sans contrainte.

Chez Google aussi, on fait ça. Non seulement, les équipes ont des rituels pour faire le bilan d’un projet mais il faut aussi tout mettre par écrit pour qu’il y en ait des traces pour les générations futures. Le post-mortem, c’est un rituel et un exercice qui permet de grandir de ses échecs. Comme l’a dit un jour Henry Ford : « L’échec offre l’opportunité de recommencer. Mais cette fois de manière plus intelligente. » Le post-mortem, c’est un moyen d’y parvenir.

Quelques règles-clés pour réussir son post-mortem en tant que freelance :

  • Faire le point sans tabou après un projet ou une épreuve difficile, si possible avec d’autres personnes (partenaires, observateurs, amis…)
  • Se poser des questions rituelles : qu’est-ce que je referai pareil, qu’est-ce que je ferai différemment ? Quelles sont les 3 leçons que j’en tire ?
  • Consigner tout ça par écrit et archiver avec méthode
  • Créer une mini base de données perso sur tous les sujets liés à ses échecs.
  • Avant de lancer un nouveau projet, prendre soin de relire les rapports post-mortem les plus pertinents (les leçons tirées de projets similaires)

 

Laëtitia Vitaud | Experte #FutureOfWork

Les imprévus et les galères font partie intégrante de la vie de freelance. Ils nous aident à progresser, à découvrir ce que l’on veut vraiment faire (ou ne pas faire), à partir du moment où ils servent d’enseignements plutôt que de freins. Heureusement aujourd’hui, vous pouvez être accompagné par la communauté des indépendants, toujours plus présente et impliquée pour le bien être commun.

D’ailleurs, si vous voulez rencontrer d’autres freelances de votre région et monter en compétence, on organise chaque mois les Clubs Café Freelance. Découvrez si un événement est proche de chez vous !

Vous voulez d’autres conseils pour votre quotidien d’indépendant ? Profitez des nombreux autres articles de ce blog sur le Café Freelance.

La team Café Freelance

Cédric Costa, créateur du podcast Shortcut pour aider les freelances à chaque étape de leur voyage vers l’indépendance.
Également fondateur du collectif full-freelance, full-remote, full sentimental James Inbound. Il est présent sur LinkedIn,n’hésitez pas à vous connecter à lui !

Cédric Costa | Fondateur du Podcast Shortcut et de la communauté James Inbound

Nous, c’est Julia & Julie et nous formons un duo d’associées au sein de J&J.

Au quotidien, nous aidons les freelances et les entrepreneurs à développer leur entreprise sur le web, en alliant organisation, stratégie, sérénité et kiff !

Pour cela, on partage de nombreux contenus (articles de blog, newsletters, workbooks, posts et vidéos sur les réseaux sociaux) ainsi que des formations en ligne spécifiques.

Julie Fabre | Cofondatrice de J&J, alias I Don't Think I Feel

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Julia Coudert | Cofondatrice de J&J, alias I Don't Think I Feel

Samuel est expert en Future Of Work. Il a réalisé le documentaire “Work In Progress”, qui propose une fenêtre ouverte sur le travail d’entrepreneurs atypiques qui osent casser les codes !

En 2019, il réalise une learning expedition pour explorer les mutations du travail dans le monde. Résultat : Une dizaine de pays visités, plus de 100 rencontres et de nouvelles idées pour révolutionner le monde du travail à promouvoir en France.

Samuel Durand | Auteur, réalisateur et conférencier sur le Future Of Work

Comment effacer les inégalités professionnelles  aujourd’hui pour un meilleur monde demain ?

Laëtitia est auteure et conférencière sur le futur du travail. Elle travaille étroitement avec le média “for Pros” de Welcome to the Jungle et a récemment co-fondé le média Nouveau Départ. Elle a publié trois livres, dont “Du Labeur à l’ouvrage” et “100 idées innovantes pour recruter des talents et les faire grandir”.

Laëtitia Vitaud | Experte du Future of Work