Après la longue grève en Guadeloupe qui a fait la une des médias locaux et nationaux, nous avons voulu en savoir plus sur son impact sur les freelances qui travaillent et vivent dans l’île. Nous avons demandé à un freelance habitué de ce blog et qui y habite, Régis Geromegnace, de mener sa petite enquête auprès de ses amis freelances. Édifiant.

Blog – Rakoun

Vous le connaissez sans doute si vous êtes un habitué de ce blog : il signe ses commentaires par “Rakoun”. “Rakoun”, c’est Régis Geromegnace, freelance, ingénieur de développement en technologie .Net. Il vit à la Guadeloupe, qui connaît, depuis le début de l’année 2009, une crise sociale importante dont les répercussions économiques n’ont pas épargné les freelances.

Durant cette grève, Régis a eu un arrêt d’activité de 2 semaines soit à cause du manque d’essence, soit des émeutes qui ont terni ce mouvement et qui ont obligé son client a fermé ses portes. Il est inquiet, mais il garde l’espoir .

Interview

“La situation est préoccupante pour nous, freelances. Le seul point positif est que pendant 3 ans, le recrutement sera fortement ralenti dans les entreprises du fait de l’application de l’accord Bino. Cet accord prévoit une augmentation de 200 euros des salaires à hauteur de 1,4 smic. Je doute fort que les recrutements soit importants pendant cette période, donc peut-être que, nous freelance, nous pourrons tirer notre épingle du jeu.”

Cécile, quant à elle, ressent les conséquences du mouvement au niveau du règlement de ses factures : “Suite au mouvement social, j’ai eu et j’ai encore des difficultés à être payée par mes clients. Mon activité a diminué et j’ai beaucoup plus de mal à prospecter de nouveaux clients…”

Valérie, formatrice en informatique et bureautique, envisage une reprise à la rentrée prochaine : “A mon niveau, j’ai des problèmes pour me faire payer “l’avant grève” ; pour la suite, c’est assez calme, un retour très lent, des projets vont quand même être planifiés, mais plus tard. La vrai reprise ne me semble pas envisageable avant septembre.”

Carine est plus pessimiste pour l’avenir, même si elle est débordée actuellement : “Tout d’abord, pour situer mon activité je suis ergonome. Une profession déjà rare et peu connu dans notre région. Mais, je pense qu’il est encore tôt pour dire si la crise sociale a changé quelque chose à mon activité car je n’ai fait que reprendre mes missions d’avant la grève, donc je suis plutôt débordée : il faut rattraper les 44 jours de grève ! J’ai la tête dans le guidon. Par contre, il est vrai que je m’interroge sur l’avenir (proche d’ailleurs) de mon activité. Quid des départs annoncés de nombreuses entreprises et investisseurs ? Qu’allons-nous devenir ? Serons-nous obligés de nous expatrier ? Nous sommes une île, les marchés sont restreints. Mais j’ai envie de dire que nous n’avons pas attendu la crise sociale pour la vivre. Nous la vivons au quotidien en tant que consultant en raison de l’étroitesse du marché justement. Pour résumer, les choses n’iront certainement pas en s’améliorant. Et on peut d’ores et déjà constater l’absence de demandes de missions provenant d’entreprises privées. Pour combien de temps ? C’est la question. “

Pour Régis, la meilleure attitude à adopter est de “renforcer sa relation client et sa prospection tout en mettant en avant la valeur ajoutée qu’un freelance peut apporter à l’entreprise dans une telle situation de crise”. C’est la bonne attitude à adopter, en effet, mais c’est plus facile à dire qu’à faire dans un tel contexte.

Nous tenions à remercier Régis pour ces témoignages. Il continuera à nous tenir au courant de la situation des freelances dans l’île.

Pour faire connaissance avec Régis, visitez son site : http://www.rakoun.com/