Aujourd’hui nous interviewons Pauline Laigneau, fondatrice de Gemmyo et du podcast Le Gratin.
Bonjour Pauline, tout d’abord, peux-tu nous expliquer ton parcours ?
J’ai un parcours assez atypique puisqu’à la base, rien de me destinait à être chef d’entreprises. J’étais plutôt bonne élève et à l’école on m’a rapidement orienté vers le métier de prof. J’ai travaillé comme une folle pour entrer à Normale Sup et passer mon agreg. C’était une autre vie, et je courais après les diplômes pour les mauvaises raisons. C’est quand j’ai raté un énième concours, que j’ai réalisé que tout ce prestige n’était pas fait pour moi et que ce que j’aimais au fond c’était l’action, l’aventure et la liberté ! Alors quand j’ai commencé à me dire quel métier rassemblait toutes ces notions, je me suis rapidement rendue compte qu’il s’agissait de l’entrepreneuriat !
J’ai donc décidé de reprendre mes études dans une école de commerce. Lors d’un stage, je suis devenue bras droit d’un des fondateurs de la pâtisserie de luxe, Hugo & Victor. Cette expérience m’a fait découvrir le monde de l’entreprise et j’en suis tombée amoureuse. À la fin de cette première expérience professionnelle, je savais que je voulais créer quelque chose à mon tour !
Comment as-tu eu l’idée de créer ton entreprise Gemmyo ?
Je dis souvent que Gemmyo est né d’une histoire d’amour. Lorsque je me suis fiancée, nous sommes partis avec mon futur mari à la recherche de LA bague de fiançailles idéale et nous sommes donc passés par la fameuse place Vendôme avec toutes ses grandes maisons de haute joaillerie. Pas forcément pour acheter, mais pour vivre cette expérience au moins une fois dans notre vie. Or, l’expérience a été très décevante, le choix des modèles était limité, tout était très cher et l’atmosphère extrêmement intimidante. Autant vous dire que nous ne nous sentions pas vraiment à notre place !
A ce moment-là nous avons donc sentis, avec mon conjoint, une opportunité sur le marché de la joaillerie pour un public plus jeune et plus moderne. En 2011, nous nous sommes lancés, et avons créé, avec mon mari Charif Debs, la Maison de joaillerie Gemmyo, de manière un peu folle, sans connaître le secteur. Nous voulions réveiller la belle endormie. Il y a des marques fantastiques mais en réalité qui ne s’adressent pas aux Français. Nous voulions faire de la joaillerie de qualité française et la rendre désirable pour les Français. C’est ce que nous essayons de faire depuis 9 ans.
Pourquoi as-tu créé le podcast Le Gratin ? Et en quoi consiste cette activité pour toi ?
J’écoutais des podcasts sur l’entreprenariat, essentiellement américains, car je trouvais l’offre en français un peu décevante. Or j’ai la chance de rencontrer beaucoup de personnes passionnantes et je trouvais dommage qu’il n’y ait que moi qui apprenne de toutes ces conversations alors qu’en parallèle on me posait en même temps beaucoup de questions. J’ai eu envie de réunir les deux : rencontrer des personnes auprès desquelles j’allais apprendre, et au passage faire apprendre à d’autres.
Ce que j’adore dans le format du podcast c’est que mes invités ont envie de partager et se confient assez facilement. Cela permet d’exposer des facettes de leur personnalité que l’on n’a pas du tout dans les médias, où tout est succès, tout est beau, à paillettes et compagnie. Or sur leur chemin, il y a eu des moments durs et ils nous parlent à cœur ouvert de leur doutes et leurs échecs sur Le Gratin.
Je reçois aussi des messages vraiment touchants de personnes me disant que tel ou tel épisode les a bouleversés, ou affecté de telle manière qu’ils ont pris des décisions radicales dans leur vie comme lancer leur boîte par exemple. Ce sentiment d’avoir un impact positif sur la vie de personnes, que j’avais déjà avec Gemmyo, est là aussi très fort.
Comment répartis-tu ton temps entre ces deux activités ?
C’est vrai que par mes réseaux sociaux et mes nombreuses activités on peut croire que je fais énormément de choses seules mais je vais être transparente avec vous, je suis beaucoup aidée ! Pour arriver à gérer toutes ces activités, il n’y a pas de secret ou de recette magique, il faut bien s’entourer et apprendre à déléguer.
Pour ce qui s’agit de ma manière de travailler, je me donne à fond et surtout je fais des choix. Donc je ne suis pas Superwoman, je priorise. Je me lève très tôt, je fais mon sport car j’en ai besoin, je travaille beaucoup, je dis non à beaucoup d’invitations, de rdv, de projets potentiels. Quand on essaye de faire plaisir en disant oui, on finit par faire mal les choses, se sentir frustré, et on peut facilement se perdre. Donc je me concentre sur des projets qui me tiennent à cœur, Gemmyo, Le Gratin et maintenant GROWTH, tous ces projets qui me boostent et m’inspirent pour l’instant, les prochains viendront en temps voulu.
Quelles ont été tes plus grosses erreurs ? Et comment as-tu rebondi ?
J’ai commis des erreurs certes, mais je préfère parler de difficultés. Il y en a eu beaucoup mais en même temps, en se serait ennuyés sinon !
La première grosse difficulté était au tout début Gemmyo, c’était de convaincre des ateliers de croire en notre projet et d’accepter de travailler avec nous. J’ai surement appelé au moins une centaine d’atelier avant de décrocher une réponse positive. Tout le monde nous prenait de haut ou se demandait si on était carrément fous, certes à l’époque le projet n’était pas très attirant mais ça n’a pas empêché qu’un atelier nous fasse confiance et permette à l’aventure Gemmyo de démarrer enfin.
Une deuxième difficulté de grande taille, mais comme pour beaucoup d’ailleurs, a été lors du premier confinement de cette année 2020. Tous nos ateliers ont arrêté leur production et nous avons fermé boutique pendant 2 mois. En fermant les boutiques le soir de l’annonce on n’avait pas la moindre idée de ce qui allait se passer ensuite et franchement c’était très difficile. Avec ce confinement on a eu énormément de challenges : gérer les équipes à distance rassurer nos clients, rester visibles sur les réseaux sociaux, créer du contenu à forte valeur ajoutée pour compenser l’absence de ventes. Cette période a été une source d’apprentissage énorme qui nous a bien préparé au deuxième confinement qu’on a abordé beaucoup plus sereinement que le premier.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer dans l’entreprenariat ?
- Entreprendre par passion
- Croire en votre produit/service
- Être prêt à y donner tout son corps et toute son âme
- Ne pas attendre de résultats immédiat, Rome de s’est pas fait en un jour
- Commencer par des petit projets, des petits objectifs qui grandiront avec le temps et l’expérience
- S’entourer de personnes avec qui vous êtes complémentaires