Aujourd’hui, nous interviewions Marine, recruteuse en freelance ayant récemment créé son entreprise.

Tout d’abord, peux-tu nous expliquer ton parcours ?

Au lycée, j’étais fascinée par la sociologie et l’économie. J’appréciais l’étude des groupes et l’influence que pouvaient avoir certaines actions sur les gens. J’ai fait le lien avec le commerce, le marketing et la communication et j’ai préparé un DUT. Ma mère me poussait vers une prépa, mais je n’aspirais pas à me retrouver en compétition avec des milliers d’autres étudiants pour rejoindre une école que je pouvais rejoindre par d’autres moyens.

J’ai intégré une école de commerce que j’ai choisie pour son ouverture sur l’international : j’ai toujours été attirée par l’inconnu, et j’avoue être fascinée par ce que je ne comprends pas ! Je suis partie seule, dans deux pays différents pour plus de 6 mois à chaque fois.

Je n’appréciais pas trop le format des études. J’avais du mal à comprendre ce que les matières étudiées allaient m’apporter, j’ai toujours eu du mal à me concentrer et je n’avais pas confiance en moi, ce qui paralysait littéralement mon cerveau lors des examens. De plus, j’ai toujours été partisane du moindre effort alors réviser pendant des heures, c’était vraiment pénible aha !

C’est lors de mon Erasmus que je me suis rendue compte que la vente et le marketing de produits ne m’intéressaient pas, je voulais utiliser l’influence et la négociation pour aider de vraies personnes, avoir un impact sur elles. Bon à l’époque, je pensais que le recrutement et les ressources humaines, c’était la même chose. C’est en rencontrant un chasseur de têtes que j’ai compris la nuance et cela a validé mon envie d’avancer vers ce domaine.

Marine de Reethink pour le blog du freelance

En quoi consiste ton activité ?

Je suis recruteuse indépendante, mon métier comprend deux parties : la première consiste à accompagner des développeurs et développeuses dans leur recherche d’emploi : je passe du temps avec eux/elles afin de comprendre leur besoin et afin de les mettre en adéquation avec les postes que j’ai en direct. La deuxième facette, c’est de trouver ces fameux postes ! J’accompagne des entreprises dans la croissance de leurs équipes techniques afin qu’elles atteignent leurs objectifs et j’ai la main sur certains postes.

S’il y a un coup de cœur mutuel, une fois les deux parties mises en relation, je les accompagne jusqu’à la formalisation d’une offre et je veille à ce que l’intégration dans l’entreprise se passe bien.

C’est un métier complexe, il faut des compétences de commerciale pour rentrer en contact avec les profils techniques et les entreprises, car il y a beaucoup de concurrence ! Il faut aussi faire preuve d’empathie, car changer d’emploi peut être une étape effrayante pour certains. Il y a aussi beaucoup d’évangélisation et de coaching à faire des deux côtés afin que les parties atteignent leurs objectifs.

Pourquoi as-tu décidé de créer ton entreprise ?

Pour l’accomplissement personnel, l’apprentissage et la liberté !

J’ai toujours eu besoin que quelqu’un approuve ce que je faisais pour donner de la valeur à mon travail. C’est le schéma classique quand tu fais des études finalement ! En restant dans ce carcan, j’avais du mal à reconnaître mes victoires, car elles dépendaient d’objectifs et de visions fixées par d’autres personnes. J’étais une exécutante finalement, et cela ne me remplissait plus : j’ai eu envie de me surpasser, d’apprendre autre chose, et de comprendre le fonctionnement d’une entreprise de A à Z pour que l’estimation de ma réussite ne dépende plus de quelqu’un d’autre. C’est vraiment gratifiant de réussir par ses propres moyens !

En plus de ça, j’apprends tous les jours. J’ai dû comprendre comment créer une entreprise, choisir un statut juridique, faire ma comptabilité, gérer des finances, éditer des contrats, des factures, tenir des objectifs de chiffre d’affaires, créer un site Internet, trouver une identité visuelle… Je ne m’ennuie jamais et je n’ai jamais l’impression de perdre mon temps. 

  La création d’une entreprise est synonyme pour moi de liberté. C’est moi qui choisis mon rythme de travail, mes partenaires, les solutions que j’utilise, ou encore la vision du travail que je souhaite inculquer à mon entreprise.

Je suis la seule décisionnaire sur mes jours de congés par exemple : mon temps m’appartient à 100% ! Il y a aussi le fait que mon métier soit énergivore : être recruteuse, c’est être souvent au téléphone, se construire et peaufiner son réseau et le statut de freelance me permet d’adapter mon activité en fonction de mon énergie et de ma santé mentale. Je ne vais pas me repousser dans mes retranchements si je sens que cela ne va pas : je marque une pause et je reviens plus forte après.

Comment t’organises-tu pour gérer ton temps professionnel/personnel ?

J’ai mis presque 6 mois avant de trouver la réponse à cette question ! Je culpabilisais constamment : je me disais que j’étais freelance pour profiter de mon temps comme bon me semblait, mais si je ne travaillais pas une après-midi de semaine, je terminais ma journée avec une très faible estime de moi-même.

En tant que salariée, je n’avais pas un super équilibre vie pro vie perso. Je travaillais beaucoup par effet de mimétisme et je ne me suis pas rendue service, je rentrais chez moi tellement rincée que je n’avais ni l’énergie, ni le temps de développer des loisirs. J’ai pris une grosse claque au premier confinement où j’étais au chômage partiel et où je n’ai pas su quoi faire de mon temps.

En commençant en tant que freelance, j’ai eu l’impression de devoir me prouver que je pouvais y arriver. Je sentais que chaque tâche était urgente et que ma vie en dépendait, mon image auprès de mes partenaires, ma carrière, ma potentielle rémunération… Du coup, j’y pensais tout le temps ! Je ne déconnectais jamais mon cerveau, il m’est même arrivé de me réveiller dans la nuit en me demandant si j’avais bien contacté un candidat.

Pour bien gérer cet équilibre, je me suis disciplinée. Chaque début de semaine, je me concentre sur mes objectifs et comment les atteindre. C’est avec une bonne visibilité sur le chemin à parcourir que j’arrive à ne plus me faire de souci.  Je m’alloue des plages horaires strictes où j’avance, vraiment sans réseaux sociaux ni interruption, et quand j’ai rempli ces conditions et que je suis satisfaite de mon travail, je peux profiter de mon temps personnel sans culpabiliser.

J’essaie surtout de ne pas me mettre trop de pression, j’ai compris qu’un job reste un job. Mon métier ne me définit pas en tant que personne. De plus je n’ai pas peur de l’échec car je sais que ce n’est qu’un pas de plus vers la réussite et l’apprentissage.

p

Et enfin, quels conseils pourrais-tu donner à quelqu’un qui souhaiterait se lancer ?

Je lui dirai de s’assurer d’avoir assez d’argent pour subvenir à ses besoins pour démarrer son activité. Je pense que travailler et créer dans la précipitation par souci d’argent peut mener à la prise de mauvaises décisions et peut être lourd moralement.

Il faut aussi peaufiner son réseau en créant et en gardant des contacts avec d’autres indépendants : la solitude a un vrai impact sur le moral et avoir du monde autour de soi est bénéfique. 

Logo reethink

Sur LinkedIn, vous pouvez suivre Reethink ou Marine directement.