Avant que ne commence la crise de la Covid-19, le recours des sociétés au télétravail d’une part, et au freelancing d’autre part était déjà engagé. De 2009 à 2019, le nombre de travailleurs indépendants a augmenté sans cesse, atteignant désormais 12 % des actifs. Face au coronavirus, les freelances qui n’exerçaient pas encore à distance ont dû s’adapter.

Avec le coronavirus, un télétravail à marche forcée

Dès le premier confinement, les chiffres donnés par les sociétés dont l’activité est proche du télétravail ont explosé. C’est le cas de Zoom, qui propose un service de visioconférence, ou de Slack, une plate-forme de communication collaborative. Les deux applications ont gagné respectivement 5 000 et 7 000 clients payants entre les mois de février et mars 2020.

Face à des situations qui réclamaient de la flexibilité, les entreprises ont aussi confirmé les choix du travailleur indépendant et du télétravail pendant toute l’année 2020. Le statut d’indépendant a enregistré près de 550 000 nouvelles immatriculations en 2020 selon l’INSEE, s’établissant à 3,6 millions de personnes, alors que le recours au télétravail a bondi de 35 %.

Télétravail et indépendants : des pistes brouillées ?

Les freelances étaient déjà nombreux, avant la crise sanitaire, à exercer exclusivement en télétravail. Mais aux yeux de l’organisation internationale du travail (OIT), ces indépendants ne sont pas considérés comme des télétravailleurs, mais comme des travailleurs à domicile. Il faut donc prêter attention à la méthode de comptage retenue par les statisticiens.

Seule ombre au tableau : un essor du télétravail « gris », c’est-à-dire d’un travail à distance non ou mal encadré. Si les indépendants sont devenus plus largement des télétravailleurs, une partie d’entre eux a toutefois subi l’impact psychologique de la crise sanitaire. Le nombre de cas de dépressions a lui aussi explosé. Résultat : selon le baromètre de l’institut Empreinte Humaine, 4 salariés sur 10 disent « saturer » du télétravail, avec une augmentation de 10 % par rapport à 2020.

Déconfinement : le télétravail recule en laissant des marques

Pourtant, les détresses psychologiques rapportées semblent d’abord dues aux confinements successifs, plutôt qu’au télétravail en tant que méthode de travail. D’ailleurs, si une grande proportion de travailleurs est déjà retournée au bureau, la majorité des Français (66 %) serait à la recherche d’une formule hybride, cumulant la flexibilité du télétravail avec le cadre fixe d’un lieu de travail dédié.

Les personnes interrogées évoquent de nombreux avantages, comme la baisse ou l’absence de temps de trajet (38 % des sondés) ou une meilleure concentration (27 %). En contrepartie d’un manque d’émulation collective et d’une communication plus complexe avec les collègues, 77 % des personnes estiment que les relations avec leurs supérieurs n’ont pas été « compliquées à gérer » durant la période.

Globalement, les interviewés donnent un bon retour des conditions de travail. Il restera à tirer les conclusions du déconfinement, puis, à long terme, de l’ensemble de la crise sanitaire.

Freelances comme salariés ont tous été concernés par le télétravail. Si l’année 2020 et le confinement du début d’année 2021 ont pu avoir un impact sur le mental des travailleurs, ceux-ci dressent globalement un bilan positif de l’expérience en télétravail. Ils restent toutefois une minorité (17 %) à vouloir travailler exclusivement sous ce format. Mais le confinement aura mis en avant la flexibilité qu’il autorise.