La crise sanitaire de Covid-19 a bouleversé presque tous les secteurs économiques, avec l’arrêt de nombreuses activités et un recours massif au télétravail. Pour les actifs, et notamment pour les personnes travaillant en tant qu’indépendants, le gouvernement a annoncé des aides. 

Mais après des semaines de confinement, quel est le ressenti des freelances ? Quel a été l’impact des différentes mesures du gouvernement sur leur vie quotidienne ? Comment vivent-ils la situation au quotidien ? Trois freelances ont accepté de répondre à nos questions.

Camille M., rédacteur web

 Le télétravail se passe très bien puisqu’il se déroule exactement de la même manière qu’avant le début du confinement. Étant rédacteur web, j’étais automatiquement en télétravail avant d’être confiné, ce qui fait que j’avais déjà développé un rythme de travail et des horaires fixes. 

Le confinement n’a pas bouleversé mes habitudes de travail. Par contre, il a beaucoup changé mes loisirs et mes moments de détente. Avant cela, j’occupais mon temps libre à randonner dans la nature, je passe désormais des heures à lire et à visionner des films. Le confinement n’a donc pas modifié le découpage horaire de mes journées, mais plutôt la manière dont je m’occupe. 

Je suis de nature très attaché à ma liberté de mouvement. J’adore faire de longues randonnées ou partir en week-end dans une ville que je ne connais pas afin de la visiter. Depuis le confinement, je ne peux plus le faire. J’ai un sentiment de perte de liberté au quotidien qui me pèse, comme si j’étais en prison. C’est donc avec une grande impatience que j’attends le déconfinement !

Lucie B., guide-conférencière indépendante

Le télétravail dans le milieu touristique est difficilement possible. Dans mon cas, il s’agit de quelques heures de préparation de visites, d’ateliers en prévision d’événements ou d’animations plus tardives dans l’année.

À quelques différences plus personnelles, le confinement ressemble au travail que j’effectue en hiver : préparation/amélioration des visites et des connaissances, c’est-à-dire du travail théorique en grande partie non rémunérée. Le confinement est un peu comme une extension de cette période.

Mais cela reste frustrant de ne pas pouvoir commencer la saison touristique avec les visites, c’est tout de même l’objectif principal de mon activité… Ensuite, bien que ce travail théorique m’aide à me projeter et rester active, d’une certaine manière, cela ne me rémunère pas.

 Les conséquences de la crise du Covid-19 et du confinement sont essentiellement financières : à ce jour, une perte de 25 % par rapport à mon chiffre d’affaires de l’année 2019, une absence totale de demande et de programmation de visite (difficilement chiffrable) et de grandes interrogations sur le reste de la saison (Quel impact ? Est-ce en partie récupérable et comment ?).

L’aide financière de l’État provisoire compense un peu cette perte, mais que va-t-il se passer quand elle sera arrêtée et que l’activité n’aura pas repris ?

Matilda L., traductrice français-anglais

Le télétravail est mon mode de fonctionnement depuis que je suis devenue auto-entrepreneure, il y a plus de 3 ans – donc pas de changement sur ce point ! N’ayant besoin que d’un ordinateur et d’un accès à Internet, le télétravail se prête parfaitement à mon activité de traductrice.  

J’applique les règles du confinement. Je ne sors que pour des courses nécessaires ou pour marcher un peu. Je fais parfois une promenade en privilégiant les endroits peu fréquentés et des horaires calmes, afin d’éviter de croiser d’autres personnes. Lorsque cela arrive, je fais en sorte de respecter la distanciation sociale, quitte à changer de trottoir si je vois un joggeur arriver. J’ai un masque depuis peu, ce qui me tranquillise lors de mes sorties. Avant cela, je m’emmitouflais dans mon écharpe ! L’impression de restriction était pesante au début, mais je m’y suis habituée. Je prends des nouvelles de mes proches en ligne. J’évite de trop regarder les informations, souvent anxiogènes.

Je remarque une baisse des demandes. Travaillant principalement dans le domaine des études de marché pharmaceutiques, j’espérais ne pas être affectée, mais il semblerait que les agences marchent plus au ralenti. Dans certaines spécialités, les médecins sont probablement moins disponibles pour participer à des études. Un de mes projets qui aurait dû se terminer la deuxième semaine d’avril est dilué jusqu’à la fin de mois, ce qui me donne plus de temps libre que prévu – que j’utilise notamment pour de la prospection et l’apprentissage d’autres langues sur des applications, pour continuer à me sentir un peu productive malgré tout.

À l’instar de leur pays, la plupart des freelances sont affectés par la crise sanitaire à différents degrés et niveaux. Si le Gouvernement travaille d’ores et déjà aux mesures de « déconfinement », il y a fort à parier que les travailleurs indépendants seront affectés durablement par la pandémie du Covid-19.